Anne Le Hénanff à la tête du Numérique et de l'IA : cybersécurité, cloud souverain et régulation au programme

Élue du Morbihan, spécialiste en cybersécurité et consultante numérique, Anne Le Hénanff est nommée ministre déléguée à l'IA et au Numérique le 12 octobre 2025. Son agenda : transposer l'AI Act européen, renforcer le cloud souverain et faire de la France un acteur clé de l'IA responsable.

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10/15/20253 min read

Anne Le Hénanff, députée Horizons du Morbihan depuis 2022, a été officiellement nommée ministre déléguée à l'Intelligence artificielle et au Numérique le dimanche 12 octobre 2025, au sein du gouvernement Lecornu 2. Elle succède à Clara Chappaz, qui occupait ce portefeuille depuis un peu plus d'un an, et à Naïma Moutchou, éphémère ministre du premier gouvernement Lecornu qui n'aura duré que quelques heures. Cette nomination marque le cinquième visage différent en trois ans à la tête du numérique français, illustrant l'instabilité politique de ce portefeuille stratégique. Anne Le Hénanff est désormais rattachée à Roland Lescure, ministre de l'Économie, ce qui traduit un recentrage du numérique dans l'orbite de Bercy et une approche plus économique et industrielle du secteur. Contrairement à ses prédécesseurs, le profil d'Anne Le Hénanff fait sens pour ce poste. Diplômée de l'EM Normandie, elle a commencé sa carrière dans l'industrie agroalimentaire avant de devenir consultante indépendante dans le numérique de 2017 à 2022. Elle a également été adjointe à la mairie de Vannes pour les questions de numérique, des systèmes d'information et de la communication, et titulaire de la chaire cybersécurité à l'Université de Bretagne Sud. Elle est membre de Women4Cyber Europe et de la réserve citoyenne cyber de l'Armée de Terre depuis 2016.​

À l'Assemblée nationale, elle s'est distinguée sur les sujets de cybersécurité et de souveraineté numérique. Elle a corédigé le rapport sur la loi SREN (Sécuriser et Réguler l'Espace Numérique), un texte clé pour encadrer les plateformes et renforcer la protection des utilisateurs, dont elle était rapporteure du titre 3 consacré au cloud. Elle a aussi été rapporteure thématique pour la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la résilience des infrastructures critiques et au renforcement de la cybersécurité, et vice-présidente du groupe d'études sur l'économie, la sécurité et la souveraineté numériques. Ses missions flash sur la transformation cyber du ministère des Armées et sur la cyberdéfense nationale témoignent de son engagement sur les sujets stratégiques liés à la sécurité numérique.​

Ses priorités pour les mois à venir sont claires. Anne Le Hénanff devra piloter la déclinaison française du règlement européen sur l'intelligence artificielle (AI Act), soutenir les acteurs nationaux du secteur et veiller à la montée en puissance des infrastructures souveraines. Elle devra également coordonner la mise en œuvre des politiques publiques liées à l'IA, au cloud souverain, à la régulation des plateformes et à la cybersécurité, des sujets à la croisée des politiques industrielles et des régulations numériques. Sur le cloud souverain, sa position est pragmatique : elle défend d'abord un cloud sécurisé, avec une labellisation SecNumCloud de l'ANSSI, avant de viser une souveraineté totale. Elle a également porté l'article 10 bis A de la loi SREN, appliquant la circulaire "Cloud au centre" pour sauvegarder les données publiques dans un cloud souverain en France ou en Europe.​

Anne Le Hénanff arrive dans un contexte délicat. L'IA est devenue un enjeu de souveraineté autant que d'innovation, et la France peine encore à définir une stratégie lisible face à la concurrence internationale et aux ambitions européennes. Les acteurs du numérique attendent de la nouvelle ministre une clarification des priorités : soutien à la recherche, politique industrielle des semi-conducteurs, encadrement éthique de l'IA, accompagnement des startups. La stabilité politique sera l'une des clés de son action, alors que le ministère du Numérique a connu de multiples recompositions ces dernières années. Sur LinkedIn, elle a récemment déclaré vouloir "donner les moyens à la France de son autonomie stratégique en trouvant un juste équilibre entre souveraineté numérique et cybersécurité". Elle revendique une approche pragmatique, ancrée dans les réalités de terrain : "L'innovation ne vaut que si elle sert la société".​